Bienheureux les cœurs purs
Bientôt, il ne sera plus questions de jours qui me séparent de mon retour en France, mais d’heures... Je suis impatient de retrouver Pascale, les enfants et l’atelier pour de nouveaux projets, tels les vitraux pour Callao, près de Lima au Pérou. J’ai hâte de sentir l’herbe verte des pâturages normands, et aussi de partager avec mes amis de bons moments en français! A la longue, il est un peu frustrant de rester en retrait de la plupart des conversations en russe, sans la traduction en anglais. Content donc de rentrer !
Je réalise maintenant une chose, je ne vous ai pas suffisamment partagé, la richesse humaine, la vitalité et la générosité de toute la petite équipe de permanents, véritable communauté. La personnalité exceptionnelle du father Mike dont vous avez pu avoir une petite idée au travers du blog, celle, paisible du father Dave, dont l’aide et la présence sont indispensables, celle, habile et précieuse de Valodia, la poigne de Micha (et sa belle voix à l’église). Sans eux, je n'aurais pas pu poser les vitraux ni trouver toutes les astuces pour pallier à la situation particulière que j’ai rencontrée ici. Il y a aussi Luba, directrice efficace, donnée et omniprésente de la paroisse, sans laquelle les démarches administratives n’auraient pas abouties, tels les épisodes de la douane. Et comment ne pas oublier les Petites Sœurs des Pauvres. Et puis notre adorable pakistanaise, mère de famille tout sourire qui vient de faire sa confirmation ce weekend, et qui nous fait quotidiennement la cuisine, mais aussi Tamara, toujours prête à rire et à faire des blagues, et qui rend mon linge avec un petit bonbon pour me faire plaisir, et la femme de Micha, et la femme de Valodia, et , et. Et quand on connait la vie de ces personnes, les galères qu’elles traversent où dont elles sortent, c’est à peine croyable. Impossible pour moi de quitter cette communauté que je ne reverrais sans doute jamais sans une profonde émotion et avec regrets.
J’ai pu apprendre au fil des jours quelques unes des situations souvent humainement désespérées qu’ont traversées les uns et les autres. Elle,10 ans sans logement, victime d’un accident, vivant alors de la prostitution, eux, ces jeunes parents, natifs de la région, et par le fait victimes du racisme russe, séparés de leurs enfants pendant des mois et sans solution possible si la paroisse n’avait pas payé le billet d’avion leur permettant d’être rassemblés ici à Magadan, lui, miné par l’alcoolisme et sa famille sauvée du désastre, lui, qui voit sa mère prostituée se faire tuer sous ses yeux et qui reste marqué à vie, et qui veut se marier maintenant. Parmi ces visages inoubliables, il y a ceux qui ne mentent pas, ceux, très dignes, profondément beaux, des rescapés des camps ; bienheureux les cœurs purs.
Un couple rescapé des camps rencontré à la paroisse
Si j’ai appris une chose ici c’est que rien n’est impossible, qu’il n’y a jamais de situation définitive, que celui qui était alcoolique retombera sans doute, mais que de toute situation extrême le bien peut en sortir et que le mal, même terrible, peut être vaincu. La paroisse de la Nativité du Christ vit cette réalité dans la Foi, l'Espérance et la Charité. Au jour le jour.
Impossible d'oublier cette phrase du father Mike, « il n’y aurait jamais dû avoir de vitraux à Magadan » !
Crucifixion, montée à Jérusalem, Présentation au Temple
Je vous invite à voir quelques photos de jeunes mamans et leur bébé sur l'album "la vie de la paroisse 2008".